Quelques nouvelles du millésime 2014 au domaine Buisson-Charles
Les vins blancs issus de rendements drastiquement faibles en raison de la grêle précoce du 28 Juin ont fermenté très doucement et de ce fait même ont dans leur "adn" une densité et une puissance assez étonnante. Entre la tension des 2013 et la richesse des 2012, ils se sont nettement recroquevillés sur eux même depuis leur toute récente mise en bouteille. Les villages et premiers crus de Meursault surtout qui ne satisferont que les amateurs patients capables de le attendre trois à cinq ans, voire - beaucoup - plus. Ce sont des vins typiques de ceux que produit le domaine depuis toujours, peu démonstratifs, construits sur une tension affirmée et des arômes retenus en jeunesse, mais capables de se bonifier sur 7 années et plus. Il en sera de même pour les Corton-Charlemagne 2014, massif, vineux et ultra serré au niveau de la matière.
Les empreintes boisées des 2014 sont négligeables même si toutes les cuvées ont été vinifiées et élevées avec une proportion de 25 % de fûts neufs. Du Bourgogne Aligoté au Meursault Goutte d'Or. Est-ce cet état de fait qui permet au Bourgogne Aligoté et aux crus de Chassagne et Puligny d'être plus ouverts et accessibles? Je ne le pense pas. La différence provient de rendements plus "normaux" dans ces vignes en raison de leur non exposition à la grêle. Moins stressées, plus productives, les vignes ont livré ici des vins détendus et harmonieux capables de séduire dès le plus jeune âge. De fait les vins sont déjà délicieux et, fait assez étonnant, peuvent déjà se boire. Ils seront toutefois plus complexes après trois ans sous verre.
Les Chablis 2014 sont bénis! Vaudesir et Lys montrent à l'évidence que la région a été avantagée par le climat en 2014. Nerveux, aériens et très subtils, ils sont les seuls a avoir été vinifiés et élevé sans bois neufs et ont une définition aussi précise que dynamique. Vins de cailloux, ils devraient satisfaire les amateurs de "jus de pierre"...même si je ne suis pas un fervent de l'expression!
Les rouges peu nombreux ont une douceur de constitution conférée par des matières naturellement mûrs et très peu impactées par la grêle de Juin. Rubis moyen, ils ont été vinifiés avec 30 à 50% de vendanges entières et ont ainsi des notes poivrées et réglissées caractéristiques. Le Bourgogne me fait penser au 2010, Pommard est le plus concentré et plein depuis 2009 et Santenots joue un registre délicat et soyeux sur des accents de fraise des bois et de mûre...
Je les redegusterai tous "à la suite" Mercredi prochain 3 Février en compagnie d'Allen Meadows et ne manquerai pas de vous tenir au courant de mes sensations.
Patrick Essa