Horloge interne

Publié le par Site internet officiel du Domaine Buisson-Charles

Horloge interne

Réflexion: Horloge interne 

  Nous vivons dans un monde où les calculs sont de plus en plus sophistiqués et où les moyennes de toutes sortes de paramètres peuvent être consignées et rendues signifiantes. Ainsi en matière de viticulture la période végétative  essentielle qui conduit la vigne de son débourrement à la récolte de ses fruits est elle scrutée et analysée pour produire des résultats chiffrés  qui modélisent possiblement son avancée. 
  Sans entrer fastidieusement dans des relevés nombreux et complexes, les études agrégatives récentes tentent de modéliser la relation qu’il y a entre les températures moyennes observées et les dates qui régissent le rythme de la plante. Schématiquement si au cours d’une saison la température moyenne augmente de 10% par rapport à une année dites moyenne ou la récolte se ferait au 20 Septembre, certains calculs projettent une cinétique qui induit une accélération de 10% des mécanismes qui régissent la pousse de la vigne. 
  Il n’en est rien.
  En effet la vigne possède sa propre « révolution » interne et tous ses mécanismes observés tendent à prouver qu’elle peut faire tampon à cette accélération due à la chaleur et au degré d’insolation pour freiner vigoureusement sa course à la maturation. En somme si 2003 a été 17% plus chaud que 2002 le temps qu’il a fallu à la plante pour mûrir n’a été « accéléré » que de quelques jours. Sinon nous aurions récolté le 8/08!!! Cela ne fût pas le cas. 

 Mon propos n’est pas ici de prendre parti et de décider de qui a raison ou qui a tort parmi les scientifiques (cf le lien ci dessous) mais il me paraît évident, depuis que j’observe les vignes du domaine que les réponses qu’elles nous donnent selon les saisons/millésimes qui les impactent sont toujours tempérées par un fonctionnement interne inhérent à la plante elle même, aux sélections de plants, de porte-greffes, au travail qu’on lui apporte et à la manière de la conduire. La main humaine est en ce sens le meilleur moyen de guider finement sa progression et de définir avec le caractère climatique de l’année, le moment le plus judicieux pour récolter des fruits équilibrés parfaitement. 
   A ce titre en combinant connaissances, ressentis liés au travail quotidien dans les vignes et choix liés aux potentialités des fruits que l’on souhaite produire, il convient d’affirmer que nous ne pouvons être seulement des observateurs d’un changement lié au climat en le subissant. Il est nécessaire de définir des procédures permettant de continuer à étirer la durée qui conduit la vigne de son débourrement à la floraison, puis de cette floraison à la veraison et enfin à la récolte. Car c’est ce temps le plus long possible qui est la marque des vins septentrionaux à la condition qu’il soit étiré sans que le fruit ne s’effondre au niveau de son équilibre acide-sucre.

   Mon horloge interne est alors en phase avec ces fruits ultimes qui par leurs caractères telluriques selon des contraintes climatiques maîtrisées peuvent permette de produire des vins dont ont peut signifier alors  qu’ils ne sont plus variétaux mais organiques.
  En somme il n’est plus envisageable de produire des vins acides aux senteurs de citron sur des effluves délicatement toastés/ grillés en se réclamant vigneron  du terroir. La complexité de nos sols est au delà des ses effets de style réducteur qui en simplifiant le goût ont permis de produire des vins sans âme qui se ressemblent tous et qui sont plus des vins d’équilibre aux accents bien lisses que des vins profonds et originaux capables de dépasser les codes communément admis et les typicités les plus simplificatrices.

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