Ensemble
J’ai parfois l’impression que nos vignes ont une âme et qu’elles ressentent l’affection qu’on leur porte.
Le temps passé auprès d’elles a les former lorsque elles sont nues, à les libérer des pousses excédentaires, à les guider tout en les laissant jeter des vrilles, à les palisser pour qu’elles montent vers la lumière, à les débarrasser des végétations parasites et à les aérer pour qu’elles puissent prospérer et se concentrer sur leurs fruits…ce temps là est celui de l’amour et du respect pour chaque ceps. Il illumine les journées de travail radieuse et nous met en resilience bienveillante lorsque maussade, humide et sombre,le temps se fait injurieux pour nos corps.
Alors ce jour je leur dit merci pour avoir su affronter la folie d’un orage tueur qui a déversé ses projectiles glacés en leur cœur, comme s’il voulait les achever. Elles ont su lui signifier que décidément non, elles ne pouvaient s’abandonner à la défaite car les mains qui les soignent ne pourraient sans doute s’en remettre.
Oh vignes pérennes, oh lianes tortueuses et fructifères, que d’émotions ressenties ces dernières heures!
Ce jour, je suis émerveillé par cette résistance sourde qu’elles ont su décupler pour regarder l’œil du cyclone en face en bravant ses effets et en sauvant l’essentiel de leurs précieux appendices pour ceux qui les aiment tant.
Se souvenir - toujours - que ce qu’elles nous offrent sans rien quémander en retour est l’amalgame unique du sang de la terre et de nos efforts conjugués. Seuls nous ne serions rien, seules elles ne seraient rien…