Alors ce Millésime 2013 à Meursault?
Quatre semaines après le début des vendanges il est permis de faire un premier bilan d'une année 2013 à nulle autre pareille. Que de temps et d'énergie auront été nécessaire pour générer ce millésime périlleux à cultiver, récolter et vinifier. Le bon sens comme souvent aura prévalu et se souvenir que rentrer des raisins mûrs et sains est l'unique moyen de réussir pleinement une année tardive aura permis de préserver l'essentiel, à savoir des moûts équilibrés, bien à assez bien chargés en alcool - 12/13 degrés - et susceptibles d'être peu ou pas corrigés.
Sur la Côte des Blancs entre Rully et Meursault le temps a été clément grâce à des mois de Juillet, Août et Septembre chauds et ensoleillés. Certes le cycle végétatif fut tardif et frais à ses débuts mais il n'a pas été entrecoupé par les funestes épisodes de grêle qui ont marqué la Côte de Beaune des rouges, sauf au nord de Meursault dans le secteur des Santenots, planté toutefois largement en pinot noir. Le " monde " des blancs bourguignons élevés sous bois s'en sort donc bien.
Cependant récolter des raisins de chardonnays tardifs a des conséquences importantes et il est sans doute parfaitement faux d'imaginer que cela suffit à signifier que ce cépage saura générer de bons vins, sans coup férir. Il était très important de vinifier sans le moindre grain botrytisé et surtout de patienter pour obtenir des niveaux d'acidités maliques acceptables, c'est à dire inférieurs aux acidités tartriques. Pour cela il fallait pouvoir réunir trois conditions:
1/ couper les chardonnays quelles que soient les zones, hautes ou basses, après le 28 Septembre et avant le 4 Octobre.
2/ Vendanger dans des vignes pas ou peu botrytisées et enlever impitoyablement la pourriture qui augmente les degrés, rend les arômes variétaux et vulgaires et déséquilibre les vins. Se passer absolument des degrés factices des baies altérées.
3/ Peu ou pas chaptaliser - une opération parfaitement légale et encadrée - car des vins à forte acidité potentielle s'ils supportent analytiquement le sucre ajouté, y perdent leur race de terroir et redeviennent neutres et irrémédiablement variétaux. Moins de un degré de correction et si possible moins encore...ou pas du tout!
On le voit l'incertitude caractèrisera ce millésime qui à son meilleur pourrait être grandissime sur une race de terroir éblouissante ou alors maigre, vert, dilué et sur-chaptalisé. 2013 sera une année hétérogène par excellence et il faudra du temps pour séparer le bon grain de l'ivraie car les boisés et l'acidité masqueront en jeunesse les imperfections des vins faibles.
Le temps irrémédiablement remettra les choses en place et gare alors... Car n'oublions pas - par exemple - que le déséquilibré 1996 a mis près de six ans à livrer son message de millésime évolutif en mettant alors en évidence ses faiblesses initiales. Nous produisons des blancs de garde... Il faut s'en souvenir!
Je suis optimiste toutefois - on ne se refait pas! - 2013 peu abondant se vendra bien et les clients y trouveront largement leur compte car à leur sommet ces vins seront les compagnons idéaux de la belle gastronomie. Un vieillissement de plus de cinq ans les affinera, 7 années magnifieront leur originalité et " in fine " leur longévité me paraît potentiellement très importante. Cela dit alors que je ne suis pas devin mais croyez moi j'y crois!
2013 donnera des vins à forts caractères... Assurément!
En 2013 le monde des blancs bourguignons élevés sous bois s'en sort bien... Très bien!