Meursault Les Tessons: à nul autre second?
Une partie du coteau orienté plein Est à Meursault n'a pas eu le classement premier cru décrété au début des années 50 du siècle précédent. Après que les différents syndicats communaux aient refusés de se mettre d'accord pour définir une aire en grand cru juste avant la seconde guerre mondiale, préférant miser sur le seul nom de Meursault, la commune s'est retrouvée avec le principal coteau blanc de Côte d'Or à délimiter selon une logique excluant les classements des autres communes et avec la volonté de créer un équilibre de production entre les zones "premier cru", "village" et "régionale". Disons le clairement les groupes de vignerons qui ont œuvré alors ont été remarquablement inspiré car le village s'est retrouvé avec certains des meilleurs climats blancs et rouges de la Côte dans les deux couleurs, sur chaque classe.
Parvenir à intégrer les Santenots et les Petures dans le wagon des premiers crus de Volnay tout en autorisant un classement Meursault premier cru blanc dans ces même lieux dits, définir un peu plus de 100 hectares de vignes dans chaque classe et préserver comme dans peu d'endroits l'utilisation de lieux-dits très qualitatifs se vendant chers, tout en gardant "Meursault" et/ou "Volnay" sur chaque étiquette fut assurément d'une rare présence d'esprit.
Si l'on excepte le dessous des Charmes un peu juste - dans quelques secteurs seulement - pour affirmer une réelle nature de cru de haut vol l'ensemble du finage à été fort justement évalué et découpé. Ainsi Le Tesson - ou les Tessons dans les cadastres anciens - est il naturellement à sa place en premier des seconds. Suivi de près par le bas des Narvaux, le Limozin, le Clos des Rougeots et le dessus des Chevalières, ce cru parfois positionné en première classe au 19 ième siècle par le Dr Lavalle ou au début du 20 ième par Camille Rodier n'a pas la classe ultime des sept premiers crus majeurs de la commune, tous positionnés sur le coteau Sud. Il peut, en revanche, être tout à fait au niveau des crus de la zone Blagny ou des crus du Nord, surpassant même Jeunelotte, Ravelles, la pièce sous le Dos d'Âne et l'ensemble des crus d'altitude situés sur Puligny (Garenne,Sous le Puits, Truffières, Hameau de Blagny et Champs Gains).
Mesurant un peu plus de cinq hectares il regroupe différents petits Clos et forme un ensemble entièrement orienté à l'Est de manière très uniforme. À l'inverse du Clos des Rougeots ou des Chevalières, il n'est pas encore sous une influence éolienne froide notable venant de la Combe d'Auxey et arrive à maturité au même moment que les crus du coteau Sud, parfois même avant les Bouches-Chères et la Goutte d'Or.
Partagés entre neuf propriétaires qui, à l'exception de la maison Bouchard qui l'assemble, en tirent tous une cuvée singulière, il comporte au moins trois sous lieux-dits : le "Clos de Mon Plaisir", le" Clos du Tesson" et le "Clos du Haut Tesson". Le premier inclu deux producteurs mais Pierre Morey laisse ce nom poétique au domaine Roulot, le Clos du Haut Tesson qui le jouxte au Sud n'est pas revendiqué et la maison Sauvestre revendique parfois le Clos du Tesson qui est juste dessous le Mon Plaisir.
Le Domaine Buisson-Charles possède ici 32 ares qui ferment le lieu-dit au Sud selon des rangs qui finissent " en pointe ". Deux parcelles différentes ont été plantées en 1964 et 1974 avec des plants très fins qui produisent naturellement peu. Rares sont les années ou les 45hl/ha sont atteints.
Vin de race et d'élégance Les Tessons ont une réelle accessibilité en vin jeune tout en préservant une fraîche tension interne. La nature quelque peu ferrugineuse de son sol rougeâtre et le profil pierreux de son substrat argilo-calcaire confère au cru une douceur tactile évidente et un fruité "blanc" finement iodé qui le caractérise nettement. Jeune il embaume les fleurs blanches et plus âgé il décline de forts subtiles notes de tilleul et de fleur de vigne , le tout sur un corps svelte et un profil ciselé...assurément un Meursault élégant qui cousine avec La Goutte d'Or voisine.