Nos premiers crus? À nuls autres seconds!
Meursault n’a pas de grands crus.
La belle affaire!
Chacun sait qu’il s’agit d’un problème de classement essentiellement déterminé par les vignerons des lieux à l’époque. Préférer garder Meursault sur l’étiquette par soucis de cohésion…une sorte d’esprit fédérateur faisant la part belle à une pensée aussi altruiste que bienvenue.
Ainsi il ne nous est jamais venu à l’idée que nos crus puissent se positionner à un rang inférieur à ceux des communes avoisinantes…oh que non!
Le 4 majeurs du domaine ne cède donc en rien à ces hiérarchies admises essentiellement par commodité et qui aujourd’hui semblent faire naïvement autorité. Une forme d’imposture que nous nous plaisons ici à corriger.
Car les crus du domaine, tout comme le Mouton bordelais ne courbent pas l’échine devant une hiérarchie qu’il conteste car elle est historiquement infondée …car parfois il faut simplement oser s’affirmer.
Bousculons les certitudes et demandons de les reconsidérer par simple justice.
Plus de 10 millésimes au plus haut niveau chez Burghound
Dans le petit monde des vins blancs de Bourgogne, le domaine Buisson-Charles a commencé à émerger au niveau international il y a une vingtaine d’années. Auparavant centré sur la vente à des particuliers fidèles, il a pu diversifier ses débouchés en faisant connaître sa production, essentiellement grâce aux observateurs français (RVF, BD, Bourgogne Aujourd’hui) et anglo-saxons (Parker, Sarah Marsh, Bill Nanson, Burghound) qui ont su nous mettre en évidence en analysant chaque année avec rigueur et probité les millésimes que nous avons produits. Tant il est vrai que sans couverture médiatique, il est impossible pour un producteur de se faire connaître - et reconnaître! - par le plus grand nombre.
Dans ce rôle, celui qui a plus particulièrement soutenu les vins du domaine à l’étranger est sans aucun doute Allen Meadows. Depuis plus de 15 ans il positionne régulièrement nos vins dans les meilleurs de chaque appellation et semble même en faire depuis cinq ans certains des représentants les plus parfaits de ses carnets et analyses.
Évidemment nous ne sommes pas seul, évidemment d’autres producteurs aux styles parfois diamétralement opposés à notre recherche de classicisme faites de finesse d’abord et de concentration ensuite, sont également mis en lumière. Mais dans notre quête de produire avec toujours plus de rigueur des vins atemporels et liés au terroir et à la nature qui les marque, il nous est loisible d’imaginer avec confiance que nos choix sont couronnés de succès.
Il existe donc encore au pays des blancs, des vins aux prix mesurés et parfaitement à même de rivaliser en qualité, en complexité et en longévité avec des crus qui la plupart du temps valent de deux à quinze fois les prix que nous pratiquons...tant il est vrai que pour nous pouvoir les boire est encore la meilleure manière de vous servir et de leur rendre hommage.
Vieilles Vignes, Tessons, Charmes, Bouches-Cheres et Goutte d’Or ont donc depuis le millésime 2004, à chaque fois été positionnés dans les vins de l’année. Cette permanence que je vous invite à observer sur les images ci dessus dans le millésime 2019 est pour nous assurément le signe d’une régularité de notre production. Elle valide nos pratiques culturales organiques et la rentrée de vendanges mesurées, triées en tout petits contenants mais aussi le choix de ne jamais intervenir sur nos raisins et moûts pour les corriger en prenant tous les risques pour récolter à la meilleure maturité possible.
Merci à tous ceux qui ont compris pourquoi désormais nous fonctionnons uniquement sous forme d’allocations fixes en maintenant des prix accessibles. Les 2019 n’ont ainsi pas augmentés et savoir que l’on peut encore les acheter en croisant le producteur verre en main dans la cave est une idée majeure qui signale notre envie indéfectible de rester proches de vous.
Patrick Essa - Domaine Buisson-Charles
Les rouges du millésime 2019 évalués par Allen Meadows de Burghound.com
Red dingue
En plus de sa gamme étendue de vins blancs,
Le domaine produit aussi des rouges et fait en sorte de particulièrement les soigner.
« Quand ta clientèle vient à Meursault pour tes vins blancs, si tes rouges ne tiennent pas la route...tu ne les vends pas!...ou mal. »
cqfd!
De toute manière nous adorons les vinifier et les élever et ces dernières années nous avons eu la chance de nous diversifier en fidélisant des achats de grands crus issus de raisins cultivés biologiquement. Cette sélection et ce soin dans les vinifications nous permettent depuis plusieurs années de truster des « bons » scores chez Allen Meadows de Burghound.
Ce ne sont pas encore ceux de la première ligue...mais on est pas loin d’être dans le « final six » en Côte de Beaune...-))
Gel...le bilan
Ne pas travailler les sols trop tôt. tailler en deux fois et surtout définitivement du 15 Mars au 15/04 est ce que nous avons mis en place lors de cette campagne 2020/2021.
Ce choix dicté par une lutte prophylactique contre les gelées précoces de ces dernières années a été payant car nos vignes de plaines et nos rouges n’ont quasiment pas été impactés en dehors d’une jeune vigne précoce de Bourgogne Blanc - les Magnys - et de 4 ouvrées de Meursault village très précoces, les dessus de Marcausses.
En revanche nos coteaux ont bel et bien été atteints car taillés définitivement en premier entre le 15 et le 30/03 ils avaient eu le temps de profiter pleinement de la dizaine de jours de fortes chaleurs printanières qui a marqué cette période. Le froid venu d’Islande a donc grillé les pointes vertes sorties un rien trop vite en épargnant heureusement ce qui était au début du stade « dans le coton ». En revanche ce qui était « coton+ » a aussi souffert. Avant ébourgeonnage nous savons que sur nos 2,1 ha de coteau, 1,4 de ceux ci donneront de demies récoltes, voire moins.
Et ce sont nos meilleurs crus blancs.
Alors, il est certain que le choix de les avoir labourées à la fin de Mars sera un des axes de réflexion que nous devrons avoir, mais il est probable que cela n’était pas absolument nécessaire, nous avons encore trop des réflexes de nettoyage parfois. Je n’aime pas d’ailleurs ce terme, avoir « des vignes propres ». Je les aime couvertes par une joli duvet végétal et lorsqu’il est à retirer, il me semble nécessaire de le faire quand cela est vraiment indispensable à la bonne vigueur de la plante.
Observez sur ces deux photos, notre vigne de Meursault Pellans située dans un coin gélif et assez tardif en dépit de sa situation sous les Charmes du bas. Sa couverture florale virant à des tons « bouton d’Or » augure je l’espère d’une juste récolte. Pour cela il faudra que les boarmies laissent tranquille nos bourgeons et que ceux-ci poussent avec la chaleur qui, nous l’espérons, reviendra vite!
Les Chablis de notre production sont de sortie...
Comme une évidence.
Chablis est une région unique. Seul secteur de Bourgogne où le chardonnay s’efface totalement au profit du caractère des sols qui portent les raisins à partir desquels il est produit, il m’a toujours séduit par l’infinie subtilité provenant de ses arômes dûs a sa situation d’extrême limite Nord de possibilité de plantation du chardonnay.
Un vin de subsistance, de cailloux et de gel, capable d’allonger la période végétative de son cépage protée, plus que partout ailleurs. Un vin aux rendements aléatoires, qui nait par un combat incessant avec la nature et le climat,qui, irrégulier est capable de décevoir au moins aussi sûrement qu’il peut être le plus étincelant de tous.
Le domaine aime particulièrement les vins disposant de formidables énergies internes, concentrés par une compression aromatique de raisins extrêmes et totalement soumis aux lois du terroir. Chablis est de ce fait devenu une évidence depuis dix années que nous avons la chance de le vinifier, de le choyer, de l’aimer et surtout de vous l’offrir un peu comme on présente un cadeau à un ami que l’on aime bien...
Régalez vous!
Nouveautés produite dans le millésime 2019
Les nouvelles pépites du millésime...
Quelques pierres vineuses, sinon précieuses, arrivent en pleine période de gel. Elles nous réchauffent le cœur en nous permettant de plonger nos esprits dans le présent pour regarder devant nous...elles sont ainsi porteuses d’espoir!
Un magnifique Volnay Fremiets à la douceur de texture qui signale le caractère précoce de son terroir, un Pouilly-Fuisse frais et construit sur la tension avec pourtant une impeccable maturité et un Puligny Combettes racé à souhait qui embaume le chèvrefeuille et la gingembre avec des accents subtils de cailloux chauds.
Nous produisons désormais des blancs de Chablis à Pouilly en couvrant a vol d’oiseau l’ensemble de la Grande Bourgogne blanche viticole...
...La période de notre Toison d’Or commence...fera t’elle de nous des Ducs d’Occident?
Nous verrons bien!-))
Le Millésime 2019 - la saison végétative
Millésime 2019 au domaine Buisson-Charles - Hors norme!
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Après un mois de Février solaire et chaud la végétation s'est vite animée et les branches ont vu leurs bourgeons déclore-ébourrer au début du mois d'Avril. Evidemment autant de précocité fait toujours craindre de possibles gelées.
Gelée nuit du 5 avril -3,5°C ce qui a sans doute induit 15jours de retard à la pousse environ.
il s'en est suivi une petite sortie de raisins.
A partir des Saints de glaces des 11/12/15 Mai s'est déclenché un vent constant qui a eu pour effet d'assécher les sol et d'amorcer un manque d’eau pour la plante. Celui-ci a générer des couleurs claires voire légèrement jaunes aux vignes en grandes souffrances.
Nous avons pu observer un décalage de croissance entre les vignes de coteaux et celles qui ont subi un coup de froid en bas de coteaux
La fleur est ensuite passée progressivement autour du 10/12 Juin avec 5 à 10 jours de décalage pour les vignes de plaines qui ont eu froid.
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Nous avons eu à subir ensuite, dans ce contexte chaud et venteux, un temps froid proches de 3 degrés pendant le passage de la floraison avec en plus de la pluie qui a provoqué de la coulure sur les inflorescences et par la suite un effet de millerandage qui a fortement diminué et concentré la récolte.
Cela fut en fait assez paradoxal car il fallait un peu d’eau pour resourcer quelque peu les nappes phréatiques.
A partir de fin Fin Juin nous avons été impacté par une canicule longue et sévère de la période de nouaison jusqu'à la véraison. Un phénomène qui a encore amplifié les décalages de maturité des raisins au sein même d'une même vigne mais surtout entre la plaine tardive et les coteaux en avance.
Au moment des quelques rares traitement biologiques que nous avons effectués il fallait être judicieux et mesurer les doses de soufre mouillable pour ne pas provoquer de grillure.
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Les Températures élevées, souvent supérieures à 35 degrés à l'ombre, ont largement contribué a réduire notre récolte car le déficit hydrique a empêché le grossissement naturel de nos baies pourtant bien formées. Il me parait évident que la vigne a protégé le feuillage nécessaire à sa subsistance au détriment de ses fruits qu'elle a laissé en bonne santé mais un peu rachitique
Les repiquages - petits plants de remplacement des ceps morts - ont souffert du manque d’eau et certains d'entre eux n'ont pu reprendre dans de bonnes conditions. A ce moment là nous avons observé également quelques ceps greffés sur le porte-greffe 161/49 C souffrir de la tylose. 2020 confirmera plus gravement ce constat en déciment nombre de parcelles récentes.
La Véraison s'est déroulée dans nos parcelles du 5 au 15 aout, assez tardivement dans un contexte aussi solaire, on peut à coup sûr mettre cela sur le compte des difficulté liées au stress hydrique que la plante a subi. Durant le mois d'Aout certaines parcelles étaient un peu figées dans leurs avancées végétatives. Il fallait donc être observateur et surtout patient.
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L'Aoutement des charpentes des raisins a commencé à partir autour du 20 Aout mais il fut effectif seulement un bon mois plus tard, il en fut de même pour les pépins de raisins, pas complètement mûrs avant le 15 Septembre.
Au plan hydrique une forte pluie fin juillet apportant 25 mm d'eau nous a sans doute fait du bien mais nous n"avons pas vu d'eau ensuite jusqu'au 10 septembre...ce qui nous a conduit a couper 4 jours plus tard un millésime que nous avons pu rentrer sous un temps clément mais sans les lourdes chaleurs du Mois d'Aout et du début de Septembre.
Début des vendanges le 15/09
Retour sur le millésime 2018 après les mises en bouteilles.
Le Millésime 2018 au domaine Buisson-Charles
La saison a démarré par une période assez douce et très pluvieuse au mois de Janvier, celle-ci a permis aux nappes phréatiques locales de se remplir d’eau et nous verrons plus tard que cela a eu un réel impact sur les rendements et le caractère des vins de l’année.
Février et Mars redevenus plus froid et dans la norme des valeurs normales saisonnières sont restés toutefois pluvieux par intermittence mais la vigne est restée en phase de dormance et n’a pas vu ses bourgeons éclore à Meursault avant le 10/04 dans les endroits les plus précoces. Toutefois du 13 au 24 Avril le temps s’est mis au beau et la pousse des feuilles s’est accélérée soudainement. A tel point que le changement de lune et le retour du froid à la fin Avril ont bien failli faire geler une partie de la récolte. Il n’en fût rien fort heureusement même si la nuit du 28 il a été relevé -2 degrés au sol dans les secteurs les plus froids.
A partir de ce moment là, la Côte d’Or a connu jusqu’en juin une belle saison ensoleillée qui nous a permis de réaliser nos traitements organiques sans le moindre problème en repoussant la pression mildiou qui était pourtant forte. L’oïdium fut également aisément jugulé avec des traitements à base de soufre uniquement. (Voir la photo du calendrier de traitements.)
Dès lors la fleur est parfaitement passée sans coulure autour du 23 Mai en même temps que les cerises mûrissaient, ce qui est toujours un très bons signe. A partir de ce moment nous savions que les inflorescences qui n’avaient pas du tout avorté nous apporteraient potentiellement des raisins en assez grande abondance. Seul le temps sec pouvait contenir ces promesses de récolte. C’est à ce moment la que les nappes phréatiques gorgées d’eau ont eu leur incidence sur l’année en permettant à la plante de bien nourrir ses fruits sans favoriser ses feuilles - ce qu’il se passera en 2019 - et en autorisant un mûrissement régulier tout au long de la saison.
Toutefois le temps sec et très chaud a marqué notablement les coteaux de mi-juillet à fin Août avec un pic de chaleur intense vers le 15/08. Heureusement il avait plu 30 mm au début de ce mois et cela a sans doute permis au secteur d’avoir des fruits aussi équilibrés qu’abondants. Ainsi nous avons pu récolter sur la base de rendements confortables pour le domaine: 53 hl/ha en blanc en moyenne et 48 hl/ha en rouge avec des secteurs moins productifs - les tres vieilles vignes de Meursault - et plus généreux - les Aligoté à 67 hl/ha avec 7 grappes par pieds! - pourtant nous avions ébourgeonné comme à l’accoutumée.
Les rendements assez élevés et la chaleur intense nous ont conduit à vendanger en étalant notre récolte sur deux semaines du 1er au 14 Septembre. Les degrés se sont montrés notablement idéaux car compris entre 12 degrés naturels et 13.6 degrés naturels. Aucun vin n’a été chaptalisé et/ou acidifiés. (Voir photos des analyses). Nos pH vins finis sont tous inférieurs ou égaux à 3.26 et les acidités tartriques et totales sont elles aussi d’excellentes tenues. Seules les valeurs lactiques et maliques étaient assez basses mais elles ne sont pas recherchées spécialement par le domaine car elles participent moins à la tenue du vin dans le temps.
Les vins blancs n’ont pas été collés et ont subi une légère filtration au filtre lenticulaire à 7 microns pour faire baisser la turbidité en dessous de 1.5 NTU. Les rouges - pour la première fois - n’ont été ni collés, ni filtrés mais ont tous une turbidité inférieure à 10NTU. Tous les vins ont été soutirés en Septembre et Janvier et ont donc été élevés sur une durée des 17 mois. 12 mois en fûts et 5 mois en cuve.
Ils ont été mis en bouteilles du 27 Janvier au 30 Janvier 2020.
Les bouchons utilisés sont des lièges naturels de qualité « fleur extra » avec un bout miroir - parfaitement lisse - et le millésime sur la partie marquée par quelques lenticelles. Ils portent tous le nom de la cuvée produite et ont été orientés à la main pour être certain qu’il n’y ait pas de goût de bouchon...ou du moins minimiser au maximum ceux-ci.
Une petite nouveauté encore, l’indication du nombre de bouteilles produites pour chaque cuvée.
Patrick Essa - domaine Buisson-Charles.
Taille tôt, taille tard...
...Rien ne vaut la taille de Mars.
Le temps est au beau et il semble que depuis deux semaines le Printemps pointe le bout de son nez. Serions nous entrain de revivre une année précoce se lançant dès la fin des derniers frimas? Je ne le pense pas...pour l'instant du moins.
En effet les amandiers ont un peu de retard sur l'année dernière et il semble que la fin de semaine de ce début de Mars soit placée sous le signe de la fraicheur et de l'humidité. Cela calmera sans doute nettement la végétation qui pour l'instant est encore endormie.
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Avant...
Les vignes sont désormais débarrassées de leurs grosses charpentes et est venu le temps pour nous de les tailler finement en donnant a nos baguettes et cordons leurs formes définitives. Ce travail mené de front avec les réparations des fils et piquets nous prendra bien encore tous le mois et le début d'Avril, juste avant que la plante ne commence sa véritable période végétative qui s'étalera sur plus de 5 mois.
Ce matin dans les Meursault Tessons je commençais à réaliser cette taille définitive en "plumant" la baguette pour ensuite pouvoir l'attacher au fil du bas...observez mon petit Avant-Après.
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Après...
Jeux de mains, jeux de raisins...
La saison de travail dans les vignes est en phase de ralentissement. Le plus gros est fait car désormais toutes les vignes sont palissées-redressées-accolées et cisaillées.
Au stade de la fermeture de la grappe qui est intervenue dans nos vignes - selon les parcelles - entre le 23 et le 30 Juin nous pouvons constater véritablement quelles sont les charges que l’année autorisera et selon toute vraisemblance cette année nous serons gâtés.
Nous pensions même je crois à une possible récolte plus confortable encore mais la fleur est passée difficilement à certains endroits et il n’y aura pas besoin de si grands paniers que cela pour cueillir nos raisins. Pour la qualité c’est excellent car notre choix n’est véritablement pas de remplir la cuverie. Une belle récolte à 45/48 hl/ha de moyenne nous ravirait. Nous verrons bien.
Le stade mi-floraison ayant eu lieu entre le 22 et le 30 mai, il est aisé de constater que les 32 à 35 jours ont été respecté jusqu’à la fermeture de la grappe et que la veraison selon toute vraisemblance démarrera dans nos parcelles environ 32 à 35 jours plus tard, soit au début du mois d’Aout en moyenne. Le temps annoncé pour Juillet est beau et chaud mais entrecoupé d’averses orageuses et marqué par des températures non caniculaires. Si le ciel ne nous tombe pas sur la tête (ma photo!)- ce qui est toujours possible localement - nous nous acheminons vers une année très classique en terme d’équilibre et pour tout dire, proche de 2018 mais avec un rendement sans doute plus faible.
Les bulletins divers qui fleurissent de ci de là confirment donc mes impressions premières formulées en Avril et valident une récolte raisonnable au tout début de Septembre.
Intuitivement je perçois les pinots un peu en avance sur les chardonnays mais les deux cépages souffrent véritablement de viroses dans nombre de secteurs. Je vous en ai déjà parlé dans mon billet précédent. Seuls les aligotés semblent totalement exempts de ces viroses qui a n’en pas douter proviennent de ce cycle chaud et précoce qui a marqué ces dix dernières années.
Serait-il « Le »Cépage bourguignon de demain. Je me pose cette question simple lorsque je vois ce qu’il a pu donner en 2019 en préservant une acidité assez étonnante dans ce contexte et en prenant une complexité de cru d’élite.
Nous allons peut être voir un jour des zones de premier ordre plantées avec ce cépage en dehors des Monts Luisants de Morey et quelques secteurs de la montagne de Corton. Et si au fond le renouvellement de notre viticulture ne passait pas par une redécouverte de ce vieux et sous estimé cépage?...
À suivre!
Disque solaire
Depuis 2009 nous vivons un cycle climatique chaud où les millésimes viticoles précoces se succèdent. En 11 millésimes les années ou le début des vendanges s’est effectué en Août représentent plus de la moitié de la production.
Ainsi 2009,2011,2015,2017,2018,2019 auquel on peut ajouter 2016 qui, moins précoce, a connu un mois de Septembre très ensoleillé et 2020 qui s’annonce, ont tous vu les vendangeurs à la fin d’Août ou au tout début de Septembre, arpenter les rangs de vignes, sécateurs à la main.
S’interroger sur cette permanence liée à la chaleur et peut être encore plus à l’avancée végétative est sans aucun doute nécessaire pour comprendre ce qu’il est possible de produire comme vins en terme d’équilibre.
Lorsque la vigne démarre sa saison avec une avance de trois semaines par rapport aux dates moyennes constatées à la fin du vingtième siècle et au début du suivant, il convient de définir si cette évolution peut ou doit marquer les crus issus de terroirs qui auparavant s’exprimaient parfaitement selon une progression différente ou plutôt différée.
En d’autre terme doit on accoutumer nos pratiques et productions aux temps actuels ou poursuivre de chimériques équilibres obtenus autrefois selon de conditions climatiques différentes?
Nos expériences passées ont toutes, à des degrés divers, forgés notre goût en définissant des modèles gustatifs inconscients. Oh bien entendu cela incorpore année mûre et année de tension car leurs successions a toujours été naturel, mais il n’empêche nos préférences vont souvent plutôt vers l’un ou plutôt vers l’autre. Difficile en vérité de demander à notre cerveau d’apprécier des crus aux équilibres radicalement différents.
Pourtant je crois qu’il est nécessaire de le faire.
J’aime beaucoup le dernier millésime de tension naturel qu’est 2013, sans doute également le classicisme - entaché de raisins grêlés sur certaines zones - qu’est 2014 et si mon goût ultime personnel va aux millésimes capables de préserver concentration, maturité et tension comme le furent les 79, 64 ou 55 je me dis qu’il est bon de toujours conserver le gradient de maturité que l’année autorise.
Solaire, frais, mûr, tendu, « sucreux »,salin?... en fait le climat décide bien souvent pour nous et ce qu’il est possible de capter au mieux sans aucune correction œnologique est avant tout à relier au temps de l’année.
Reprochera t’on à 1947 et 1976 d’avoir généré des vins plus capiteux et d’acidité basse que 1962 ou 1990? Stigmatiserions nous un Condrieu - ou un Hermitage blanc - visqueux et texturé face à un Sancerre ou un Saumur blanc? Je ne crois pas.
Le domaine Buisson-Charles ne cherche donc pas dans ses vins un équilibre déterminé par ses goûts mais plutôt une production révélatrice de l’endroit et du caractère saisonnier que la vigne porte dans son adn cette année là.
Ainsi en 2018 les acidités furent plus élevées chez nous qu’en 2015 ou 2009 avec près d’un demi degré de moins et les équilibres seront assez proches au fond de ces 1979 que nous aimons tant aujourd’hui mais 2019 qui suit aura le caractère des 47, solaire, riche et d’une concentration hors norme, au sens où cela n’arrive probablement chez nous au domaine Buisson-Charles que tous les 50 ans. Il nous est apparu nécessaire de preserver cet équilibre naturel sans essayer de l’édulcorer pour le rendre plus lisse, plus consensuel, plus habituel...
...en fait je crois que capter le soleil fût en 2019 une quête vers quelque chose d’absolu, quelque chose que nous - ma génération - n’avions encore jamais véritablement approché.
Alors oui, solaire, mûr, plein, extravagant et unique...le culte de l’astre solaire fût notre graal dans ce millésime qui aurait plu à Akhenaton! Cela ne fait pas de nous des pharaons adorant aveuglement le disque lumineux mais en revanche oui, nous acceptons, lorsque la nature le décide, de lui rendre grâce...
Horloge interne
Réflexion: Horloge interne
Nous vivons dans un monde où les calculs sont de plus en plus sophistiqués et où les moyennes de toutes sortes de paramètres peuvent être consignées et rendues signifiantes. Ainsi en matière de viticulture la période végétative essentielle qui conduit la vigne de son débourrement à la récolte de ses fruits est elle scrutée et analysée pour produire des résultats chiffrés qui modélisent possiblement son avancée.
Sans entrer fastidieusement dans des relevés nombreux et complexes, les études agrégatives récentes tentent de modéliser la relation qu’il y a entre les températures moyennes observées et les dates qui régissent le rythme de la plante. Schématiquement si au cours d’une saison la température moyenne augmente de 10% par rapport à une année dites moyenne ou la récolte se ferait au 20 Septembre, certains calculs projettent une cinétique qui induit une accélération de 10% des mécanismes qui régissent la pousse de la vigne.
Il n’en est rien.
En effet la vigne possède sa propre « révolution » interne et tous ses mécanismes observés tendent à prouver qu’elle peut faire tampon à cette accélération due à la chaleur et au degré d’insolation pour freiner vigoureusement sa course à la maturation. En somme si 2003 a été 17% plus chaud que 2002 le temps qu’il a fallu à la plante pour mûrir n’a été « accéléré » que de quelques jours. Sinon nous aurions récolté le 8/08!!! Cela ne fût pas le cas.
Mon propos n’est pas ici de prendre parti et de décider de qui a raison ou qui a tort parmi les scientifiques (cf le lien ci dessous) mais il me paraît évident, depuis que j’observe les vignes du domaine que les réponses qu’elles nous donnent selon les saisons/millésimes qui les impactent sont toujours tempérées par un fonctionnement interne inhérent à la plante elle même, aux sélections de plants, de porte-greffes, au travail qu’on lui apporte et à la manière de la conduire. La main humaine est en ce sens le meilleur moyen de guider finement sa progression et de définir avec le caractère climatique de l’année, le moment le plus judicieux pour récolter des fruits équilibrés parfaitement.
A ce titre en combinant connaissances, ressentis liés au travail quotidien dans les vignes et choix liés aux potentialités des fruits que l’on souhaite produire, il convient d’affirmer que nous ne pouvons être seulement des observateurs d’un changement lié au climat en le subissant. Il est nécessaire de définir des procédures permettant de continuer à étirer la durée qui conduit la vigne de son débourrement à la floraison, puis de cette floraison à la veraison et enfin à la récolte. Car c’est ce temps le plus long possible qui est la marque des vins septentrionaux à la condition qu’il soit étiré sans que le fruit ne s’effondre au niveau de son équilibre acide-sucre.
Mon horloge interne est alors en phase avec ces fruits ultimes qui par leurs caractères telluriques selon des contraintes climatiques maîtrisées peuvent permette de produire des vins dont ont peut signifier alors qu’ils ne sont plus variétaux mais organiques.
En somme il n’est plus envisageable de produire des vins acides aux senteurs de citron sur des effluves délicatement toastés/ grillés en se réclamant vigneron du terroir. La complexité de nos sols est au delà des ses effets de style réducteur qui en simplifiant le goût ont permis de produire des vins sans âme qui se ressemblent tous et qui sont plus des vins d’équilibre aux accents bien lisses que des vins profonds et originaux capables de dépasser les codes communément admis et les typicités les plus simplificatrices.
Canicule, pluie et capuchons
Canicule, pluie et capuchons
Il y a quinze jours certains esprits devins nous annonçaient une canicule estivale et des chaleurs de juin insoutenables. Evidemment tout cela selon un temps sec et une absence de pluie. Après le corona, la vague de chaleur devait une fois de plus faire des ravages.
Il n’en sera rien.
20 millimètres de pluie reçue il y a quinze jours et encore 20mm hier et avant-hier feront de ce mois de Juin un mois paisible où nos organismes et la plante que nous cultivons ne souffriront pas. Un temps de saison, une avancée végétative qui suit un rythme régulier et qui ces derniers jours entame sa course vers la nouaison par la chute des capuchons floraux. En somme une idéale cinétique.
Les vignes sont majoritairement en bonne santé même s’il faut observer de ci de là des taches de chlorose un peu plus marquées que l’année dernière et si la tylose ( dépérissement) des porte-greffes 161 plantés récemment n’est pas une vision de l’esprit. Certains secteurs plantés ces dix dernières années sont même durement touchés et la seule solution semble être l’arrachage. Heureusement au domaine nous sommes très peu touchés par ce phénomène même si. Lis restons vigilants. Merci les vieilles vignes!
Avec un temps aussi clément qui exclut fortes chaleurs et froid de nuit, les maladies sont en quelque sorte « en sommeil » mais évidemment le risque rôde. Nous avons donc étirer la durée entre les traitements et limité l’emploi du cuivre qui n’est pas vraiment nécessaire en ce moment. Poir l’instant aucune trace de mildiou ou d’oïdium.
La véraison devrait avoir lieu à partir de la fin de Juillet et selon les observations au domaine elle se terminera vers le 5/10 août dans nos vignes pour peu que deux averses - au moins - de 20 mm marquent cette période d’environ 55/60 jours.
Selon ces prévisions les Vendanges auront lieu vers le 5/7 Septembre à plus où moins cinq jours près. Je vous ai déjà écrit cela en Mars, en Avril et en Mai...cela se confirme!
(Ci dessous, le petit Clos des Magnys relevé et ébourgeonné deux fois puis écimé à la cisaille. Nous le « repasserons » encore trois fois au minimum...)
Millesime 2020 Pleine Fleur
Pleine Fleur
Au domaine Buisson-Charles la pleine fleur - à savoir la mi-floraison dans une parcelle - a été atteinte du 23 au 28 Mai pour nos Meursault, Volnay et aligoté et se poursuit dans les parcelles de pinots et particulièrement à Pommard en Mareau où elle n’a pas encore commencé.
Contrairement à certaines idées reçues l’été chaud qui s’annonce n’accélèrera pas la maturation des baies et la chute des capuchons floraux et nouaison annonce un début de véraison de nos chardonnays autour du 25/28 Juillet, il faudra ensuite encore 35 à 42 jours pour que leur mûrissement s’opère intégralement.
La chaleur sèche et l’éventuel manque d’eau ne changera rien à ce cycle inscrit dans l’ADN de la plante, au contraire sans eau et si la canicule se met en route - un élément auquel je ne crois guère si j’en juge les projections à longue vue de nos différentes météo et surtout le caractère de cette année régulièrement venteuse - nous pourrions avoir des blocages de maturité dûs à des stress hydriques.
Je ne le vois pas ainsi. Nous allons vers un été solaire et donc chaud mais pas vers la fournaise. En attendant le vent et le soleil nous ont amené à supprimer purement le traitement soufre et cuivre prévu ces derniers jours car nos vignes sont parfaitement saines. Si l’oïdium qui concerne essentiellement les blancs, rôde encore, le mildiou n’a pas les conditions favorables à son développement et il nous paraît inutile de disposer du cuivre dans les vignes en ce moment.
Nous préférons travailler sur la plante et fignoler son feuillage pour aerer les raisins abondants cette année. Mode prophylactique donc! On peut même dire que les raisins sont potentiellement très abondants, au point que nous repassons dans chaque vigne pour enlever des rameaux une seconde fois tant il est évident que si nous ne le faisons pas, nos rendements ne nous permettrons pas de produire les vins que nous avons en tête.
Toutefois il faut garder de la mesure dans ce geste qui prive la plante d’une partie de ses fruits car comme l’an dernier ceux ci risquent d’avoir un poids moyen inférieur à une année plus humide. Les grappes pèseront sans doute 10 à 20% de moins qu’en 2018. Elles sont plus petites dans nos vignes bien que parfaitement formées et parfois disposées en grappes agrégées les unes aux autres...ce sont celles-ci que nous faisons sauter.
Les dix jours qui s’annoncent seront à l’évidence harassant pour les organismes mais la fin du « coup de feu » approche et c’est très bon pour le moral...
Journal du millésime 2020
10 Mai 2020:
Perdre fleur et conserver son apex...en étirant son cycle!
La vigne pousse selon des rythmes liés au temps du millésime en cours mais également selon le rythme interne de son métabolisme. Cette Lapalissade végétative pourrait faire croire que face à elle l’homme est réduit à l’état d’observateur béat, contemplant les rameaux et les fruits tout au long de la saison.
Il n’en est rien.
Avec les années, à la manière de Monsieur Jourdain il nous est apparu que la prose gestuelle que nous utilisions pour cultiver la plante avait une incidence avérée. Après avoir compris de manière empirique que la longueur de la période qui court après la fleur était essentielle à l’obtention de fruits équilibrés et qu’il s’agissait de l’étirer au maximum, est venu le temps de définir quels étaient les moyens de retarder la pousse de la liane pérenne.
Encore une fois rien de révolutionnaire mais plutôt un retour à des préceptes anciens consistant à positionner les bons plants et porte-greffes aux bons endroits, à tailler en deux fois en passant le plus tard possible la seconde fois, à ébourgeonner pour aérer la plante sans la déshabiller, à labourer tardivement, à plier les baguettes le plus tard possible en zone gélive...bref à repousser le début de la saison végétative dans ce cycle actuel qui est à l’évidence précoce.
En luttant ainsi contre la gelée, il nous a été possible de voir nos plants modifier sensiblement leur comportement et adopter un rythme imperceptiblement plus lent que lors des millésimes antérieurs. Ainsi, en ce moment, nous sommes assez loin d’avoir des vignes vigoureuses qui seraient à écimer au niveau de leur apex sommital et nous pouvons tranquillement finir de les ébourgeonner et de les palisser en attendant que la fleur passe complètement, probablement à la fin de ce mois de Mai. Pas avant.
Observez les photos ci dessous qui prouvent avec acuité que nos raisins n’ont pas encore commencés à développer les petits cils blancs de la fleur qui « évolue » puis leur chute qui signale la fin de cette avancée végétative. Cela nous permettra de patienter et d’allonger la saison de mûrissement ce qui permet de complexifier les raisins de limite Nord et de leur conférer cet équilibre abouti qui lui seul permet de révéler le terroir dans toute sa dimension.
En fait nous aimons prendre le temps, retarder le plus possible les différents moments d’intervention pour les exécuter au moment opportun, dans une « temporalité »idéale. Le rythme de la vigne n’est pas celui de l’homme, il ne peut être emprisonné dans le systématisme et si la vigne n’est pas un jardin qu’il faut suivre, elle n’est pas non plus une liane sauvage qu’il faut laisser faire. Non, c’est un organisme vivant qui définit lui même son avancée en prenant celui qui s’en occupe par les vrilles qu’elle lance et les rejets qu’elle émet.
Tu me coupes, je te donne des entre coeurs, tu m’enlèves des feuilles, je limite la croissance de mes fruits, tu me dépouilles trop tôt de mes raisins, je te donne des fruits variétaux, trop tard...je te donne du sucre et des arômes passés.
2020’nous verra sans doute au domaine récolter au début de Septembre - entre le 5 et le 10 à plus ou moins 5 jours près - et nous sommes très heureux de constater que ces dates précoces, récurrentes ces dernières années, sont désormais parfaitement intégrées et maîtrisées par nos process culturaux et de vinif-élevages...
Nous avons fait notre petite révolution copernicienne en ajustant des usages anciens à des réalités modernes. Nous verrons dans quelques temps si les vins qui en sont issus ont le niveau...
17 Mai:
100 jours depuis l’île d’Elbe où Accélération temporelle?
Serions nous dans une nouvelle fenêtre temporelle qui ferait que les rythmes qui nous régissent changent notre manière de percevoir le monde?
Faut-il dans nos vignes imaginer que précocité est fille de célérité et qu’en raison d’un départ rapide la course à la maturité peut être réduite par simple effet magique?
Que nenni! Mais pourquoi?
Est-on certain que chaleur et sécheresse sont de bons moteurs à la rapidité de nos plants.. ou alors sont-ce des mobiles pour nos plans?
Questionnement naïfs répondant à des interrogations légitimes.
Nous comptions 100 jours après la pleine fleur - en fait la mi-floraison - pour évaluer un possible début de récolte.Hors le réchauffement qu’induit le cycle de notre climat actuel semble avancer nos repères et si naguère nous terminions notre travail principal sur la plante à la mi-Juillet, il est certain qu’en ce moment il s’achève quasiment systématiquement au 25 Juin. Cela ne nous empêche pas de le poursuivre beaucoup plus tardivement pour fignoler notre action sur les plants mais il est évident que les étapes qui régissent nos actes culturaux se sont avancées.
Toutefois elles n’ont certainement pas modifier le rythme interne de la plante qui continue de suivre sa propre évolution en se moquant un peu des règles nouvelles que nous pourrions nous donner. Comme le raisin qui pousse en Corse ou sur l’île d’Elbe, au Liban ou au sur les coteaux d’Annaba il lui faut une durée minimale pour s’épanouir pleinement et cette durée est si fondamentale que ne pas la respecter c’est aller un peu contre la plante, la nature, le terroir ou le climat.
Ci dessous vous observerez l’état d’avancement des Goutte d’Or du domaine et le fait que la fleur pour l’heure n’a pas démarré sa course sauf sur un jeune plant. Nous en déduisons que celui-ci a cinq à six jours d’avance et que pour le reste de la parcelle la Mi-floraison aura lieu en fin de semaine prochaine car le temps annoncé sera chaud et sec. Il fera suite à plus de 50 mm de pluie reçue en dix jours et à quelques journées venteuses ralentissant un peu la pousse. Une mi-floraison que sans risque nous observerons entre le 25/05 et le 10/06 dans les vignes du domaine Buisson-Charles.
La première manche se jouera en Charmes, Cras, Tessons et Goutte d’Or, la dernière à Pommard en Mareau comme tous les ans.
En faisant fi des aléas climatiques toujours possibles - vade retro satanas! - il nous paraît assez clair que nous ne vendangerons pas en Août et qu’en tous cas aucun de nos villages et Bourgogne ne sera récoltés avant le 5/7 Septembre. Pour les premiers crus je vous en dirai un peu plus lors de mon prochain « billet » mais cela risque d’être identique même avec un été sec et caniculaire.
Le Millésime 2019 juste après les vendanges
Récolte 2019 au domaine Buisson-Charles à Meursault: bilan et perspectives
La saison 2019 ne fut ni plus longue ni plus compliquée que les autres. Elle s’est étalée de la fin de Septembre 2018 à la moitié de ce mois en 2019, soit sur environ 350 jours.
On s’interroge parfois sur les caractères culturaux dont usent les exploitations: sont elles en mode conventionnel, raisonné, biologique? On oublie très - trop! - souvent et sans doute à dessein que ce qui détermine ce caractère n’a trait qu’aux simples moyens de traiter la vigne et de l’amender. Tout le reste des interventions sur la plante est rigoureusement le même quoi que puisse en dire certains faiseurs de belles histoires, très éloignés d’une vérité objective.
Ainsi l’histoire vraie que je vais vous conter est celle d’un domaine qui par choix a décidé de rendre compte de son travail en toute transparence sans prendre ses clients pour des naïfs mais au contraire en les informant avec forces détails, photos et analyses pour qu’ils puissent juger « véritablement » par eux même.
Depuis la fin du mois de Mars 2019 rien ne vous a été caché sur nos choix assumés - ne pas faire brûler de paille, ne pas installer de bougies par exemple - et sur les différentes étapes de la saison végétatives entre travail de mains et traitement biologique à base de soufre et de cuivre. Ce récit long, détaillé, minutieux vous pourrez le lire en remontant le fil de cette page FB. Nous n’avons pas cherché à vous montrer le beau et le clinquant non! On vous relate des faits qui nous conduisent de plus en plus à prendre nos distances avec les pratiques de notre région qui nous paraissent peu adaptées au changement climatique.
Nous ne sommes pas des jardiniers essayant de produire de nombreuses feuilles en cherchant un aspect visuel idéal et gracieux, tout au contraire nous voulons replacer la plante au service du fruit qui est le seul élément avec lequel nous faisons du vin. Une plante que nous souhaitons fine, aérée, vivante, au service de ses fruits et surtout capable d’étirer la période d’après floraison au maximum pour que la complexité des climats soit entièrement captée par les raisins de la liane pérenne car parvenus à complète maturité. Bref, les contre-vérités qui consistent à imaginer que le degré seul signale le moment de la récolte supprime bien plus sûrement qu’une obédience culturale donnée la possibilité de générer de grands vins.
La Côte des blancs ne produira pas beaucoup de vins car le chardonnay a eu du mal à « passer fleur » au début de Juin et car les chaleurs ont généré des raisins de petite taille. Pas vraiment millerandés comme on peut le lire parfois mais plutôt des grappes bien formées avec des baies très petites et aérées.
Nous avons produit environ 27 à 30 hl/ha dans nos vignes de chardonnay âgées de 10 à 90 ans, il devait être possible d’aller un peu au delà mais certainement pas aux limites permises. En rouge nous ferons environ 37 hl/ha ce qui n’est pas si mal. Dans les deux cas les vins seront potentiellement incroyables. Au total nous baissons de 50% par rapport à 2018. Mais la nature est ainsi, il faut l’accepter.
Nos achats ont été compliqué et nombre d’entre eux - pourtant conclus avant vendanges - ont avorté car bien peu avaient à vendre une fois la récolte faites et tout le monde se sert en premier. C’est de bonne guerre. Nous produirons toutefois des Corton blancs et rouges, trois premiers crus à Volnay, un peu de Puligny premier cru et une dizaine de pièce de Chablis premiers et Grands crus sans oublier quelques gouttes de Chapelle Chambertin. On s’en sort donc plutôt bien! Et il n’est pas dit qu’un immense premier cru de Pommard ne rejoigne la gamme rouge. Je vous en reparlerai.
2019 sera grand Millésime ou ne sera pas ai-je dit tout au long de ces miscellanées...il sera grand, désormais c’est certain!
Des Meursault de référence selon Olivier Poussier
10 mois après la récolte 2018 et mon coup de gueule - tellement justifié - sur les récoltes corrigées, trop abondantes et insuffisamment mûres...on observe que la qualité des blancs varie en fonction de la concentration et du manque de maturité!
En 2017 comme en 2018 il fallait impérativement être patient pour récolter des fruits équilibrés susceptibles de ne pas être corrigés par des actes oenologiques inconsidérés.
Olivier Poussier - meilleur sommelier du Monde et rédacteur à la Revue Des Vins de France - apporte une observation signifiante sur notre travail - et donc nos choix de récolte et de vinification - en postant sur les résultats des dégustations du futur Guide Vert 2020.
Être à ses yeux la référence du millésime pour nos Meursault n’a pas de prix et valide l’ensemble du travail mené par toute l'équipe du domaine.
Merci a lui.
Journal du millésime 2019: ébourgeonner?
La saison de l’ébourgeonnage démarrera peut-être par une gelée ce 5 Mai. La froide lune rousse qui commence éclaircira peut être « naturellement » les bourgeons et les inflorescences qui pointent désormais.
Mais elle n’empêchera pas nos employés de passer dans les vignes à partir du 6/05 pour enlever les bourgeons excédentaires - les doubles bourres, les départs vers le bas et les branches chétives - afin de permettre aux branches fructifères de mieux pousser et de donner une récolte mesurée.
Ce travail de longue haleine est également nécessaire pour nettoyer le pied du cep de bourgeons parasites mal placés - où d’en conserver un pour mieux rajeunir le cep au moment de la taille - tout en modérant le rendement selon les choix que nous opérons. En général au domaine nous conservons deux bourgeons sur la taille et 4 sur la baguette ce qui donne entre 8 et 10 grappes potentielles par pieds.
Avant ce temps important de régulation de la végétation nous avons fini de labourer toutes les vignes, de retendre tous les fils, de remplacer les piquets cassés et de tondre les contours des vignes pour faire de la place à nos petits enjambeurs de traitement et de labour.
Observez sur ces photos le moment de la pousse - photo 1 - où nous commençons à intervenir, un cep non ébourgeonné - photo 2 - et le même cep qui a subi son nettoyage de printemps pour être prêt à faire mûrir parfaitement ses inflorescences - photo 3 - en livrant des raisins mûrs sans être gêné par trop de végétations auprès de lui.
Évidemment le travail sur la plante est loin alors d’être terminé mais je vous en conterai les différentes évolutions au fil de la saison.
Effets du Gel du 5 Avril sur les vignes du domaine Buisson-Charles
Le Gel du 5 Avril: 4 semaines après, que constatons nous dans les vignes du domaine Buisson-Charles?
Nous n’avons pas protégé nos vignes des gelées, en disposant par exemple des bougies de paraffine.
Évidemment avec une température négative pendant plus de 8 heures elles ont souffert.
Le sol et le végétal étaient ce 5 Avril humides et la température a atteint -3,5 degrés au sol vers 6 heures du matin. Il en a résulté une forte crainte mais également le sentiment que dans les zones historiquement gélives c’est un des aléas climatiques qui arrive avec une certaine rémanence. Plus fort sans doute depuis 2016, mais finalement en dehors de ce millésime moins meurtrier que prévu.
Pour bien expliquer ce qui s’est véritablement passé au domaine Buisson-Charles, voici les photos de la vigne que nous cultivons squi est la plus sensible à ces gelées.
On observera sur les deux premières photos la végétation « chétive » de la partie basse de la vigne de « Vigne Blanche ». La majeure partie des bourgeons (75% ) n’a pas gelé mais en revanche ceux-ci - naturellement plus tardifs que le haut - ont été freiné dans l’évolution de leur pousse et ont largement désormais 15 jours de retard sur la partie haute de la vigne (Photos 3 et 4) qui elle comme à son habitude n’a pas gelé. En trente ans cette partie haute n’a jamais gelé alors que la partie basse a vu sa récolte altérée 6 fois ( 81,91,98,2001,2008,2016) en raison du froid. Il est d’ailleurs notable d’observer qu’avant ébourgeonnage la perte « sèche » sur la parcelle n’excédera pas 10/15% selon les comptages que j’ai pu effectuer ce matin. En effet sur les 8/10 bourgeons fructifères laissés par la taille en Guyot simple, nous ferons comme chaque année un ébourgeonnage nous permettant d’en conserver 6. Certains ceps n’en porteront que 3 à 5 mais aucun ne sera intégralement gelé.
Nous observons aussi que les sorties de raisins - qui commencent à être apparents - sont mesurées.
2019 ne sera pas quoi qu’il arrive au domaine Buisson-Charles, une année à rendements élevés. Évidemment je parle ici du potentiel des fruits qui sont sur pieds après ce gel. La saison est encore longue et de nombreuses péripéties peuvent l’émailler.
Ces explications me paraissent nécessaires et enfin objectivées et « justes » pour nos clients,importateurs, particuliers, cavistes et amis car la mesure et les informations avérées et fiables me paraissent plus pertinentes que les craintes mises en ligne avec fougue selon un discernement embué par la peur.
Gelées et sueurs froides
Gelées et sueurs froides
Le 5 Avril nous avons eu -4 degrés au sol dans les zones les plus froides avec un vent de NNE soufflant à 8/10 km/h
Nous avons perdu 20 à 40% des bourgeons dans les zones historiquement gélives
Avant ébourgeonnage c’est une perte dommageable mais lucidement acceptable.
Et puis si au final c’est plus - car avec la gelée on ne sait vraiment ce qui a été perdu qu’un bon mois plus tard -...alors il faudra se demander si nos climats ont toute la dimension de leurs noms, tous les ans. Mais c’est un autre débat.
Je raisonne sur un cycle de dix ans et je constate qu’en 2009,2011,2013,2015,2017 et 2018 nous avons produit avec grande qualité et quantité raisonnable. Soit entre 42 hl/ha et 54 hl/ha
En 2010,2012,2014 et 2016 nous avons produit des vins blancs de grande qualité avec des récoltes allant de 50% à 85% de 52hl/ha - chiffre que nous ne souhaitons pas dépasser chez nous - selon les secteurs.
Pas une année de qualité médiocre, six très belles années et quatre où nous avons été victimes d'aléas climatiques. Une fois la gelée et 3 fois la grêle.
La veritable catastrophe serait une année abondante et marquée par la pourriture et la sous maturité. Nous n’avons plus connu de 74,75,77,81,93,84,94 et 06 (dans une moindre mesure) depuis 13 ans.
Alors oui comme producteur je suis confiant, car je ne vois pas « ma vie » à la lumière du lendemain immédiat mais sur un « cycle paisible » qui inclut les aléas comme faisant partie d’un ensemble dont la regularité est forcément aleatoire. Nous travaillons avec la nature, pas contre elle.
Chacun a le devoir de conserver de la mesure et du sang froid sans tomber dans des atermoiements excessifs qui ne changent rien à nos difficultés.
Au plan général la commune qui a le plus souffert est sans doute Volnay - et sans doute le Sud de Beaune et Pommard - mais certaines - comme Puligny-Montrachet et l’ensemble du nuiton en dehors de Marsannay et le Sud de Nuits - n’ont pas connu de pertes véritables depuis près de dix ans. La dernière fois en 2008 et dans une moindre mesure en 2010,2016 et 2018
Gardons notre self Contrôle.
Je veux bien refaire dix années comme ces dernières passées et le principe de précaution qui prévaut maintenant en toute chose n’est pas du tout celui qui dicte la conduite du domaine

A force de vouloir tout sécuriser, nous perdons notre identité et en partie celle du millésime.
2019 ne sera pas une année d’abondance. Et si je ne suis pas superstitieux, je veux bien croire à la légende de la qualité exceptionnelle des millesimes en 9!
Kudos!!!