Chapelle Chambertin
Chapelle-Chambertin Grand Cru
Caractéristiques techniques:
- Densité de plantation: 11.000 pieds par hectare
- Vignes plantées en 1962 et 1970
- Taille: 1/3 en cordon de Royat et 2/3 en Guyot simple
- Double ébourgeonnage de printemps
- Labour intégral des sols
- culture bio-dynamique
- Rendements : 30 à 45 hl par hectare
- Vendanges manuelles avec tri des raisins sur table vibrante en cuverie
- Pressurage pneumatique
- Débourbage statique
- Élevage en fûts avec 20% de bois neufs
- Mise en bouteille sans collage et sans filtration
- 300 à 600 bouteilles produites par millésime
- A boire après 5 années de garde et jusqu'à 20 ans après la mise
Caractéristiques du Grand Cru Chapelle-Chambertin:
Le Grand cru Chapelle-Chambertin mesure aujourd'hui 5 ha 48a 53 ca et se trouve sur une zone en légère déclivité qui regarde le levant. C' est un des secteurs le plus solaires et précoce du finage de Gevrey et il parvient très souvent à idéale maturité quelques jours avant le Chambertin. Son sol est constitué d'éboulis calcaires blancs qui grâce à leur perméabilité assurent un drainage optimal. Ce substratum marno-calcaire laisse poindre en certains endroits du haut du finage des têtes de roches qui affleurent. Les parties basses sont en revanche plus argileuses et collantes et marquent un peu les vins du côté d'une certaine sévérité qui n'est pas toujours associée à ce cru tellurique et infiniment racé.
Sur le plan historique la Chapelle dont il est question se nommait Chapelle du Clos de Beze car elle lui faisait face et se situait donc du côté Est du chemin qui va de Gevrey à Morey (un portique enjambait même le chemin d'est en ouest), elle a été bâtie en 1155 et rasée à la révolution de 1789 à 1792.(Source : le père Cordier, curé de Gevrey). Les Gémeaux n'ont pas toujours été considérés au même niveau que l'ancienne "Chapelle haute" (cœur historique du climat ) et Lavalle les classe en deuxième classe alors qu'il place le haut en "première". A noter qu'à cette époque la petite Chapelle est classée au même niveau que les Gémeaux et je pense sincèrement qu'elle est plus proche de ces derniers.
Les propriétaires de Gémeaux sont peu nombreux de nos jours et si l'on se base sur les 30 dernières années il fallait déguster chez Michel Noellat, chez Livera ( au cœur du climat ), Jadot ( la première vigne après les Cherbaudes), Ponsot pour isoler le type du cru. Hors ces domaines - en dehors de Jadot - ne présentent pas beaucoup d'échantillons dans les dégustations comparatives.
Aujourd'hui une des parcelles Livera est exploitée par Claude Dugat et le domaine Rossignol Trapet en possède 16 ares car sa vigne est à cheval sur les deux lieux-dits. Il assemble logiquement ces deux entités. On comprend aisément que le lieu-dit est différent lorsque l'on se ballade dans les vignes car la pente est légèrement inclinée vers le Nord et en général la maturité y est plus tardive. David Rossignol a toujours un demi degré d’écart au moins entre ces deux parcelles par exemple. Il en résulte un "Gémeaux-Chambertin" qui est assez personnel car un peu plus raide dans ses premières années. Moins solaire que Chapelle haute (qui est en plus placé sur un sol moins profond), il donne des vins plus charnus, plus stricts aux tanins un peu plus formés. En revanche il gagne en puissance ce qu'il perd en élégance et il est assez sidérant de constater la sève des Gémeaux de Jadot ou de Jean-Marc Noellat qui en a réalisé de très beaux (et combien méconnus) avant de céder le fermage de la vigne Tremblay. Seul le domaine Rossignol-Trapet est aujourd'hui à même de diffuser un assemblage de Gémeaux et de Chapelle, en l'état précieusement unique.
Le secteur de Chapelle haute a beaucoup souffert des fortes chaleurs de 2003 et du stress hydrique. IL est de ce fait souvent un peu confit, facile et gourmand mais manque de race et d'équilibre pour aller vers la longue garde.Le retour au grand style se fera chez ceux qui ont bien triés en 2004 et qui ne seront pas victimes des coups de grêle , bien que le secteur ait été moins touché que d'autres. Il s'agit sans doute du plus suave des grands crus après les deux chambertin si l'on excepte la partie haute et le plat des grands Charmes. Sa réputation moindre par rapport à la Griotte est due à sa plénitude de constitution et à sa capacité a garder assez longtemps en son centre toute la sève dont elle dispose. Peu exubérante mais mêlant avec bonheur les notes épicées et finement confites des zones solaires elle mérite vraiment d'être remise à son juste rang.
Ecrit Par Patrick Essa - Vigneron à meursault