Corton-Bressandes Grand Cru
Corton-Bressandes
Caractéristiques techniques:
- Densité de plantation: 11.000 pieds par hectare
- Taille: 1/3 en cordon de Royat et 2/3 en Guyot simple
- Double ébourgeonnage de printemps
- Labour intégral des sols
- culture organique
- Rendements : 35 hl par hectare
- Vendanges manuelles
- Pressurage pneumatique
- Élevage en fûts avec 30 % de bois neufs
- Mise en bouteille sans collage et sans filtration
- 600 à 900 bouteilles produits par millésime
- A boire entre 7 et 20 ans
Caractéristiques du Cru Corton Bressandes:
On imagine aisément les pentes abruptes de la Montagne de Corton, ce rognon de terre coiffé d'une épaisse chevelure de résineux se caractérise par des pentes larges et fortes qui forment une mer de vignes sur lesquelles s'articulent différentes vagues de ceps formant des blocs distincts qui constituent les crus. Ainsi Bressandes est au pied de Clos du Roi et des Renardes, là où les plissements du terrain forment une sorte de long rectangle régulier qui pourraient faire penser à un cru de plaine.
N'a t'il d'ailleurs pas été cultivé par des gens du plat pays de Bresse?
La légende est belle mais On ne le sait véritablement car ce nom récurrent dans le beaunois pourrait aussi avoir été attribué par les abbayes et moines réguliers qui ont mis en culture ses lieux selon des quartiers qu'ils ont à coup sûr identifiés. Est-ce un hasard si Bressandes, Clos du Roi, Grèves et Perrières sont tous des noms que l'on retrouve à Beaune la cité voisine? Sans aucun doute non. Mais bien malin qui aujourd'hui saura retrouver les origines de ces noms de crus!
Bressandes est un cru qui n'a historiquement jamais eu la notoriété des vignes du Roi ou des Renardes mais il est patent que le Clos Charlemagne originel - qui mesurait moins de trois hectares! - non plus! Le Corton d'Aloxe est un vin rouge corsé et à peu près uniquement cela jusqu'au moment ou le phylloxera ravage la colline, soit à la fin du 19ieme siècle. Son vin blanc est modérément estimé et ses Bressandes considérées comme une très bonne cuvée, pas une "grande".
Toutefois ces classements de "climats" historiques ne sont guère pris en compte par un marché qui évalue ses vins "à la tasse", c'est à dire en fonction de leurs qualité gustatives avérées, ce pour chaque millésime. De surcroît les communes voisinent d'Aloxe prennent l'habitude de vendre leurs meilleures cuvées en Corton et jusqu'au milieu des années 1930 - soit avant la législation des appellations d'origine - le cru de Corton est un cru de sélection et la plupart du temps d'assemblage. Bressandes est avec ces deux voisins du dessus parfois identifiés mais il n'a pas la réputation de ceux-ci et Lavalle au milieu du 19 ieme siècle le positionne en première cuvée alors que Clos du Roi - Corton et Renardes - Corton sont " Hors Lignes". Voilà qui est à l'évidence fort juste.
Le syndicat d'Aloxe militera d'ailleurs pour un Corton restreint à son finage et avec la volonté avouée de ne pas y associer les finages de Pernand et Ladoix. Cela débouchera sur une guerre de personne et juridique extrêmement nourrie qui verra de nombreux vignerons monter au créneau pour défendre leurs idéaux et bien entendu leurs intérêts. La guerre mondiale, le temps, les changements de génération et sans doute aussi une vision plus productiviste d'après seconde guerre mondiale aboutiront à un très large découpage qui classera la quasi intégralité des grands et premiers crus naturels de la montagne sur la plus haute marche d'un podium n'en comptant qu'une!
Ainsi Bressandes est sans doute plus un "super premier" qu'un "vrai grand" et les prix où il se vend le positionnent finalement bien mieux que son classement dans la hiérarchie du Beaunoy.
Mesurant 17,42 hectares il est officieusement le plus grand cru de la Côte de Beaune et sans doute l'un des plus accessibles car sa diffusion est loin d'être confidentielle. Zone orientée plein Est formant un replat au dessus des Maréchaudes il est composé d'une terre ferrugineuse fort caillouteuse. Chargé en potasse le substrat est encore assez filtrant et c'est un secteur qui « réssuie » vite en évitant aux fruits de se gorger d'eau. À une altitude moyenne de 260 mètres il a incontestablement un potentiel de cru racé et parfumé sur un registre assez élégant dans le contexte de la Montagne.
Il a aussi pour lui de s'ouvrir assez tôt et de libérer des arômes insinuants de pruneaux et de réglisse finement fumés sur un corps svelte et harmonieux. Cru régulier qui évoque le Champans Volnaysien et plus encore pour ces notes épicées le Pezerolles de Pommard. Mais soyons clair ce cru est avant tout un Corton et il préserve de ce fait une certaine noirceur dans son fruité et un grain tannique un peu sauvage et austère.
J'aime les vins du domaine Jacques Prieur d'une profondeur toujours incroyable, le style de Nadine Gublin magnifie le Cru et puis aussi les superbes vins du domaine Edmond Cornu de Ladoix et de ceux dont vous observerez les étiquettes en bas de cet article. Régulièrement des vins sensuels et pleins.
Ecrit par Patrick Essa