Le Chambertin

Publié par Site internet officiel du Domaine Buisson-Charles

Le Chambertin

A partir du millésime 2020 nous produirons environ 300 bouteilles de ce grand cru mythique. Après la Chapelle, il constitue la seconde incursion du domaine en Côte de Nuits, même si cela reste selon des quantités plus que modestes. 

Le vin issu d'une culture organique sera disponible à partir de Février 2022 pour nos fidèles allocataires.

Le cru:

Gevrey accole son nom au 19ième siècle à celui de son cru le plus connu et diffusé, Chambertin. Pourtant le Clos de Bèze lui est antérieur et ce "champ de Bertin" qui le jouxte au Sud acquière ses titres de noblesse il y a 300 ans par la grâce d'un génial propriétaire et marchand, Jobert De Chambertin et d'un métayer intègre l'ayant précédé de quelques décennies, Claude Jomard. Ce dernier remettra les vignes dans un parfait état en développant la notoriété du cru, le second saura le diffuser et le faire reconnaître dans les grandes cours d'Europe de l'Est - même si son titre ronflant de "marchand de la Cour Palatine" n'est guère avéré - et surtout ils ancreront dans la légende tous les vins de la commune pour les décennies à venir.

Ils mériteraient assurément qu'on leur dresse une statue au cœur de ce grand cru car au fond au moins autant que les moines - dont on décuple de manière folklorique les mérites avec constance et application mais sans grand discernement - ils furent les instigateurs des vins d'origine. Le grand Bourgogne moderne est sans doute pour partie la suite de leur "œuvre" commune et de leur vision du cru sélectionné dans les meilleures terres, y compris au sein même du Chambertin ou du Bèze.

Placé à la sortie du village de Gevrey-Chambertin dans le prolongement du Clos de Bèze et sur une pente assez douce, le climat de Chambertin est orienté plein Est. Il mesure très exactement12 ha 90a et 13camais comme le Clos de Bèze peut également revendiquer ce nom "simple" on le rencontre plus souvent que lui. Je pense qu'aujourd'hui près de 20 hectares de vignes revendiquent donc ce nom.Un paradoxe qui ne fait que confirmer la complexité de la compréhension des terroirs bourguignons et surtout qui modère les analyses essayant avec acharnement de distinguer les deux crus.

Le Chambertin est depuis longtemps considéré comme l'un des cinq meilleurs grands crus de Bourgogne. Sa position médiane sur un coteau peu pentu et légèrement frais et venté lui confère un grain de texture inimitable qui avant même ses arômes envoûtants le désigne comme un des plus personnels de la Côte de Nuits. Ici, le profil aromatique variétal du pinot noir s'efface pour laisser une nature un peu ombrageuse et sauvage s'affirmer sans éclat ostentatoire mais avec une rare intensité.

Lorsque le vin est parfaitement vinifié il libère dès sa jeunesse de prégnants arômes de bâton de réglisse qui le singularise nettement et qui font penser parfois à certains dégustateurs qu'il pourrait manquer de complexité face à son voisin Clos de Bèze, qui serait plus immédiatement élégant et aromatique. Prenons cela avec prudence et circonspection car le Chambertin n'affirme son évidente supériorité que sur la longue durée.

Coiffé par une bande d'arbre, incliné en pente douce vers le levant et sous l'emprise des vents qui sortent de la combe Grisard située juste au dessus au sud ouest, c'est un climat légèrement frais sur l'ensemble de son territoire, mais il est aisé d'imaginer que plus l'on va vers le Nord et plus on se situe au dessus et plus cette fraîcheur est prononcée. Comme le Musigny, Chambertin puise dans cette situation une vibrante et incomparable nature énergique.

Son sol bas et médian est composé de calcaire à entroque du Bajocien inférieur, alors que le haut - légèrement plus pentu et pierreux - est directement marqué par des bans marneux. Ce substratum profond est finement recouvert d'éboulis calcaires et de limons qui se sont déposés au fils des millénaires et mélangés par la façon culturale humaine, multiséculaire.

La finesse supposée des parties hautes associées à la puissance des secteurs peu inclinés du bas marquent quelque peu le cru selon les zones où il est produit et apporte de ce fait un éclairage étonnant sur sa nature de véritable Janus gibriaçois. Ainsi est-il révélateur de comparer les Chambertins "du bas" avec ceux exclusivement situés "dans le dessus". La sève un rien plus délicate et subtile de ces derniers face à la nature plus terrienne, puissante et austères des autres parties basses, il faut sans doute une longue pratique de ce cru pour en percevoir toutes les sensations,

Ces deux principales "expressions" ne résistent toutefois pas à la qualité des cuvées qui mêlent en une symphonie d'arômes les diverses origines. Il faut avoir dégusté les crus dont les vins proviennent de vignes qui coupent le coteau de bas en haut pour avoir le fin mot gustatif de la "sphère Chambertin", celle qui sans doute permet de définir "le" Chambertin comme l'un des vins les plus incroyablement complet et accompli de Bourgogne.

Soulignons également que ce cru sanguin et fougueux aime les années solaires et qu'il s'exprime en année sèche avec encore plus de classe et de race, comme si sa nature austère aimait à s'épanouir sous les ors. Plus il est récolté mûr et précocement en Septembre lors de millésimes chauds, plus il se montre spontané, complexe et jovial. A l'inverse coupé fin Septembre ou en Octobre lors d’années tardives il rentre dans un froid mutisme qu'il ne quitte bien souvent qu'après quinze années - voire beaucoup plus - sous verre.

 

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