Meursault-Blagny Premier Cru La Pièce Sous le Bois

Publié par Site internet officiel du Domaine Buisson-Charles

Meursault-Blagny La pièce sous le bois

 

Le domaine en produira environ 1500 bouteilles à partir du millésime 2020.

 

Caractéristiques des vins de Blagny

Dans l’organisation morpho-géologique des Côtes de Beaune et de Nuits les pentes semblent toutes s’élever depuis la plaine pour monter de manière plus ou moins abruptes vers les parties sommitales des coteaux. A Meursault il semble toutefois que le Nord de la Côte des blancs possède une sorte de double mouvements articulant deux zones de pentes entrecoupées d’une barre rocheuse et de quelques zones arbustives. Ces lieux intermédiaires virent naguère des carrières qui étaient aussi actives que la viticulture et qui modelèrent nettement la forme des cultures actuelles. Ainsi les Perrières/carrières du Sud murisaltien posées sur une butte naturelle - Le Dos d’âne - proéminente, laissent derrière elles poindre un coteau naturel plus élevé reposant sur un substrat de l’oxfordien.

 

L’abbaye de Maizieres a élevé dans le courant du douzième siècle, au cœur de ce secteur, une grange servant de cellier aux bras séculiers et réguliers qu’elle asservissait. Comme dans toute la Bourgogne la propriété monastique a ici façonné les biens et les habitations en mettant en culture des terres constituant des rapports terrestres importants. Il faut toutefois attendre le XIIe siècle pour trouver la première mention de vignes. L’abbaye cistercienne fondée en 1125 à quelques kilomètres plus au Sud sur la commune de Saint-Loup-Géanges reçoit en 1184 le domaine de Blagny des mains du chapitre cathédral de Langres. La charte de donation stipule que les cisterciennes récupèrent l’intégralité des droits sur les « habitants, vignes, bois, eaux, terres cultivées et incultes » de la « Villa de Blagny ». La grange qu’elles y installent deviendra au cours du XIIIe siècle une des plus importantes ressources en vin pour l’abbaye de Maizières. Les guerres de Religion de la fin du XVIe siècle engendrent d’importants dégâts au domaine de Blagny devenu une métairie. Confié par bail à des exploitants locaux, l’ensemble reste rattaché à l’abbaye cistercienne jusqu’à la Révolution. Le domaine sera vendu comme Bien National avant d’être racheté en 1811 par la famille des propriétaires actuels. De l’époque médiévale, il subsiste les corps de bâtiments du logis, la grange ainsi que la chapelle Saint-Denis, construite au XVe s.

Le nom de Blagny est une probable évolution lexicale du nom de Belenos, Dieu païen du soleil et de la santé, révéré par les gaulois qui seraient également à l’origine du nom de Beaune. Des débris antiques de tuiles gallo-romaines découvertes au lieu-dit « Les Ravelles » semblent corroborer ce fait mais il n’est pas certain que ces habitations puissent indiquer que ces lieux étaient cultivés et plantés de vignes. En effet à cette époque la vigne courtisaient beaucoup plus largement la plaine et les endroits faciles d’accès pour permette une culture en forme de pergola.

 

Situé sur la commune de Puligny-Montrachet le petit hameau de Blagny voit son vignoble chevaucher à parts quasiment égales les finages de Meursault au Nord et de Puligny au Sud. Sa superficie est de 25 ha sur la commune de Meursault, dont 23 ha classés en premier cru, et de 29 ha sur la commune de Puligny-Montrachet, dont 21 ha classés en premier cru. Soit un total de 54 ha dont 44 ha classés en premier cru.

L’analyse factuelle de ce petit vignoble d’altitude - jusqu’à 380 mètres, ce qui est très élevé en ce secteur, ne rend pas grâce à sa spécificité tant les lieux semblent appartenir au passé et à la discrétion d’une histoire immuable qui a toujours mis dans l’ombre la qualité pourtant bien réelle de l’ensemble de ses sols. Meursault positionne son nom après le sien sur l’ensemble de ses premiers crus blancs en un Meursault-Blagny fédérateur qui ne rend pas compte des diverses origines dont il est issu. Puligny, fait mieux, et ne le conserve que pour ses rouges en effaçant même son propre patronyme, ainsi il devient Blagny sans « Puligny » lorsqu’il est issu du pinot noir. En fait on pourrait écrire à bon droit que le rouge de Puligny-Montrachet s’appelle Blagny en dehors d’une ouvrée subsistant dans le Cailleret de Chartron. Mais ce Blagny rouge devient si rare avec l’évolution du vignoble qu’il ne va pas tarder à devenir une véritable légende. Une funeste erreur je crois.

On le constate comme dans toute la Bourgogne, les hommes, les décrets et les orientations du commerce influent nettement sur la terre et le potentiel supposé qu’elle devrait avoir.

Pourtant il apparaît évident que les secteurs de Blagny qui voient le calcaire dur de Comblanchien resurgir sur ces hautes pentes ont le potentiel de générer parmi les crus les plus originaux et complexes du beaunois, où ils n’ont à l’évidence aucun équivalent tant en blanc qu’en rouge .

Pourquoi?

Pour tenter de comprendre cette terre altière il faut imaginer qu’un drone le survolant aurait fort à faire pour savoir où cette entité démarre et s’arrête et où les cépages blancs pourraient à bon droit remplacer la terre naturellement dévolue au pinot que cet ensemble argilo-calcaire de l’oxfordien présente.

Les anciens voyaient en lui un vin rouge vineux et profond qu’il fallait récolter une bonne semaine après les crus situés sous lui pour profiter de son expression énergique en même temps que dense et centrée sur les fruits noirs.

 

le formidable « La pièce sous le bois » qui peut générer des crus de pinot Impressionnants de finesse et de profondeur. Ce sont des vins qui vieillissent admirablement et qui ne ressemblent en rien aux autres crus du beaunois. Imaginez plutôt les parties hautes de Chambolle ou de Vosne et vous comprendrez aisément le potentiel incroyable des lieux. Un vrai grand premier cru qui a en plus la particularité de donner des blancs de premier ordre dans les parties hautes mais dans un registre plus salin et iodé que ce que le rouge pourrait laisser penser. Leur caractère n’a toutefois pas la puissance et la vinosité naturelle des autres premières crus de Meursault.

Patrick Essa

 

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